Au Bénin, le diabète qui touche environ 4,5% de la population adulte, constitue également un défi psychologique pour les patients. Face aux exigences quotidiennes du traitement de la maladie, les personnes atteintes du diabète se sentent marginalisées. Mais le recours à certaines stratégies peut s’avérer bénéfique.
A 59 ans, Jocelyne* est une patiente atteinte d’un diabète de type 2 depuis une dizaine d’années. Cette veuve, mère de trois enfants, a appris sa maladie en 2014 lors d’une consultation ordinaire. Elle venait de découvrir le diabète. Dix ans plus tard, alors qu’elle continue de soigner la maladie, elle ne s’y habitue toujours pas. “Le plus gros problème avec le diabète est que c’est une maladie chronique. On n’en guérit pas vraiment, il faut vivre avec pour le reste de vos jours. C’est vraiment un objet de préoccupation constante”, confie la sexagénaire.
En effet, le diabète est une maladie chronique qui survient à cause d’une augmentation de la glycémie (taux de sucre dans le sang). Ce dysfonctionnement intervient généralement lorsque le corps ne peut pas (ou plus) produire ou utiliser correctement l’insuline, une hormone qui régule le sucre dans le sang. Au Bénin, environ 5,1 % de la population adulte est touchée par la maladie, selon l’OMS, ce qui constitue une préoccupation de santé croissante.
Le caractère chronique de la maladie est souvent à l’origine d’un stress constant qui pèse sur les personnes atteintes. “Les patients diabétiques expriment souvent une variété de sentiments et de réactions, notamment une anxiété qui se caractérise par des inquiétudes concernant la gestion de leur maladie, les complications potentielles et l’impact sur leur qualité de vie. Ils se sentent aussi frustrés de devoir suivre des régimes stricts, surveiller régulièrement leur glycémie et s’adapter à un mode de vie modifié peut être frustrant”, analyse Lydie Dègla, psychologue clinicienne à Abomey-Calavi.
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Diabète et bien-être
Cette année, le thème “Diabète et bien-être” a été retenu par les Nations unies à l’occasion de la Journée mondiale du diabète célébrée le 14 novembre. A travers ce choix, l’OMS entend souligner l’impact du bien-être physique et mental sur la gestion du diabète. “Avec un accès approprié aux soins du diabète et un soutien au bien-être du patient, toutes les personnes atteintes de diabète ont la possibilité de bénéficier d’une meilleure qualité de vie (…) Le traitement du diabète se concentre souvent uniquement sur la glycémie, alors qu’une approche plus globale vis-à-vis du patient est donc nécessaire”, estime l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Pour Jocelyne, sans le soutien constant de ses deux enfants, elle serait déjà passée de vie à trépas, non pas nécessairement à cause de la maladie mais à cause de l’angoisse. “Ils me soutiennent sur le plan affectif et m’aident dans les moments d’épuisement où j’ai tendance à abandonner mes médicaments ou à baisser de vigilance par rapport à mon alimentation. Leur bienveillance dans ces cas-là est d’une grande utilité”, estime cette ancienne commerçante qui s’approvisionnait sur les marchés du Nigeria.
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Comment s’en sortir ?
Pour la psychologue Lydie Dègla, “le contexte social béninois peut influencer la manière dont les patients diabétiques gèrent le stress” lié à la maladie. La spécialiste évoque “la stigmatisation et les croyances traditionnelles qui peuvent influencer la perception de la maladie et les méthodes de traitement”.
Face à ces réalités, Lydie Dègla recommande des stratégies psychologiques aux patients diabétiques pour maintenir leur bien-être mental face aux exigences liées aux traitements de la maladie. Elle suggère, entre autres, une thérapie cognitivo-comportementale (TCC). “Travailler avec un thérapeute pour identifier et modifier des pensées négatives peut aider à gérer le stress et l’anxiété”, estime-t-elle.
Elle conseille également aux patients d’avoir des pratiques de gratitude. Selon elle, “encourager les patients à tenir un journal de gratitude pour se concentrer sur les aspects positifs de leur vie peut améliorer l’humeur et le bien-être mental”.
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*Le prénom a été changé