L’engagement de Angela Kpeidja pour l’élimination des violences faites aux femmes et filles ne faiblit pas. La journaliste a encore mis sa plume au service des victimes de violences sexistes à travers deux ouvrages lancés jeudi 28 novembre à Cotonou. Angela Kpeidja entend ainsi susciter un changement de comportement durable.
Et de trois pour Angela Kpeidja ! Après “Bris de silence” sorti en 2021, la militante a publié jeudi 28 novembre 2024 deux nouveaux livres à Cotonou. Le premier intitulé “A l’encre de nos silences” est un livre de témoignages des survivantes d’agression sexuelle.
Le livre raconte le vécu de son autrice et des victimes que l’ONG “N’aie pas peur”, présidée par Angela Kpeidja, a soutenues. L’autrice dévoile dans l’ouvrage, des visages (sous anonymat) du harcèlement sexuel, du viol et des conséquences pyscho-sociales des violences sexistes sur les victimes. L’histoire des unes et des autres est touchante.
A travers les 215 pages de l’ouvrage, Angela Kpeidja plaide “pour une meilleure prise en charge des victimes du viol”. C’est pour cela qu’elle insiste sur l’implication effective des victimes dans le processus de leur réparation :
“Pour moi, le changement de paradigme ne se fera pas sans les victimes et survivantes elles-mêmes. (…) Partager leurs histoires les unes plus bouleversantes que les autres, mais aussi inspirantes et positives est une manière d’éveiller notre société , d’attirer l’attention sur le bien fondé de la marche vers l’élimination de ces violences et in fine, influencer les perceptions sociales”.
Angela Kpeidja
Le deuxième ouvrage dévoilé devant le public est intitulé “Philognon, une voix qui s’élève !”. C’est une bande dessinée co-réalisée avec Jacob Djossou. En 26 pages, la bande dessinée traite du harcèlement sexuel. Pour Angela Kpeidja, “une bande dessinée est un moyen assez ludique de faire passer un message important à nos filles”.
Le scénariste et co-auteur de la bande dessinée, Jacob Djossou, abonde dans le même sens. Jacob Djossou s’étonne de l’ampleur du harcèlement en milieu professionnel. La lutte anti-harcèlement sexuel “est un combat de tout le monde”; a indiqué Jacob Djossou.
Littérature engagée
Les deux ouvrages emballent ses premiers lecteurs parmi les participants à la cérémonie de lancement à l’Institut français du Bénin.
La publication des deux nouveaux livres jette de la lumière sur le phénomène selon Raïssa Adéoumi Prudencio, représentante de la marraine du lancement des ouvrages. La représentante de Claudine Afiavi Prudencio affirme :
“Nous sommes réunis pour un moment qui dépasse la Littérature et l’Art. Ce moment est une déclaration. Une déclaration contre l’oubli, contre le silence et contre toutes formes d’oppression qui, depuis des siècles, ont muselé des millions de femmes à travers le monde. Ces deux oeuvres – A l’encre de nos silences et Philognon, une voix qui s’élève ! – ne sont pas de simples livres. Elles s’inscrivent dans une lignée historique; une lignée où des voix souvent réduites au silence ont trouvé le courage de s’élever et de dire : assez !”
Raïssa Adéoumi Prudencio
Les écrivains Florent Coua-Zotti et Adelaïde Fassinou saluent la plume de Angela Kpeidja. Pour Florent Coua-Zotti, l’auteure a une manière extraordinaire de mettre sous imprimé, un sujet aussi sensible qu’est le harcèlement sexuel sans oublier le viol. Adélaïde Fassinou félicite l’écrivaine qui fait de la littérature engagée.
Célestine Zannou trouve poignante la trame des livres présentés par Constantin Amoussou. La femme politique témoigne :
“Merci Angela. Merci pour ton combat. Il y a des domaines où on apprend. J’avoue que dans ce domaine de violences faites aux femmes surtout à ce niveau où vous avez porté le débat, j’apprends. Je pensais que ces choses n’existaient qu’en Europe, dans un monde qui n’est pas le nôtre. Mais j’ai découvert avec tout ce que j’ai entendu et tout ce que j’ai lu que ça existe ici, (…) que c’est violent, que c’est destructeur. Avoir le courage d’en parler, c’est être forte, c’est être une guerrière. Ce que nous faisons, à côté de ce que tu fais, je découvre que – en tout cas, ce que moi je fais – ce n’est rien. Vivre ce que tu as vécu, avoir le courage d’en parler et travailler à ce que les gens s’en sortent, c’est plus que ce que moi, je fais. Je suis sincère”.
Célestine Zannou
Plusieurs fois, ce combat a conduit l’auteure des deux ouvrages devant les tribunaux. L’avocate Alexandrine Saïzone qui l’a maintes fois assistée dans les couloirs de la Justice, révèle la détermination de Angela Kpeidja à toujours porter la voix des victimes d’agression sexuelle.
Angela Kpeidja assure être convaincue qu’en traitant ce sujet aussi sensible au travers les livres, un changement sociétal et durable peut naître.
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