Lors d’une session de formation à Cotonou soutenue par la projet Pamoja, les professionnels des médias ont échangé sur les questions en lien avec l’avortement au Bénin. Un partage d’expériences et de renforcement de capacités qui va permettre à la quinzaine de journalistes d’être aguerris pour mieux traiter des informations sur l’avortement. In fine, il s’agit pour ces journalistes de s’approprier le langage et les terminologies pertinentes pour des reportages plus positifs sur la question.
Au cours de la formation, les stagiaires ont dans un premier temps eu droit à un aperçu de la perception de l’avortement au Bénin et dans le monde. Ainsi, malgré l’existence de la loi n°2021-12 qui encadre la pratique de l’avortement au Bénin, l’interruption volontaire de grossesse n’est pas encore perçue comme un soin de santé qui préserve la vie des femmes. Chacun des les journalistes présents à cette rencontre a reconnu avoir déjà eu connaissance dans son parcours d’un cas d’avortement qui a viré au drame. “Plus de 200 femmes décèdent en silence chaque année des suites d’un avortement non sécurisés”, lit-on sur le site du Gouvernement.
Selon l’UNFPA en 2022, 121 millions de grossesses non désirées ont été enregistrées dans le monde et 60% de ces grossesses ont débouché sur un avortement. On estime également que 45% des interruptions volontaires de grossesses sont non médicalisées et à l’origine de 5 à 13% des décès maternels. Outre les décès, de nombreuses femmes sortent de ces avortements clandestins perpétrés par des individus sans expériences avec de graves séquelles : perforations utérines et autres organes de voisinage, gangrènes utérines, hémorragies internes, infections, stérilités, etc.
Avortements clandestins : quelles solutions ?
L’histoire de l’avortement remonte à l’antiquité. C’est un fait de société qui a toujours suscité moult controverses. Malgré les positions parfois tranchés des religieux, traditionnalistes de d’une catégorie de personnes sur les questions liés à avortement, ils adoucissent leur postion quand il s’agit d’un viol, d’un cas d’inceste ou d’un risque qui met en danger la mère. On note également que les personnes désireuses de recourir au soin d’avortement y ont recours quels que soient les refus essuyés. Les pesanteurs sociales, le manque d’information, les croyances religieuses, les lois restrictives et punitives sont autant de facteurs qui t poussent certaines femmes vers les avortements à risques. Si l’avortement est réputée être pratiquée par les jeunes filles, toutes les tranches d’âges y ont recours. C’est dire donc que “l’avortement n’est pas une fantaisie, c’est un besoin. Qui sommes-nous donc pour vouloir juger? S’en remettre à un professionnel de santé n’est il donc pas la meilleure option pour préserver sa vie et réduire les décès maternelles liés à l’avortement clandestin ou non sécurisées ”? s’est interrogée la formatrice Angela Kpeidja.
L’avortement sécurisée comme un soin de santé
Les spécialistes en santé s’accordent à dire que les femmes désireuses de pratiquer un avortement sécurisé et qui n’ont pas pu avoir ce soin reviennent plus tard dans un état de détresse alarmant “L’avortement sécurisé est donc la solution pour réduire les décès maternels liés à l’avortement clandestin et à risques”, a fait remarquer la formatrice. Angela Kpeidja poursuit en faisant remarquer à ces confrères que l’avortement sécurisé n’est pas “un bonbon qu’on peut se procurer à tout va”. La pratique est encadrée au Bénin et les professionnels de santé sont à même de choisir le type d’avortement à pratiquer entre l’avortement chirurgical ou l’avortement médicamenteux.
Améliorer la communication sur l’avortement
Cette formation des journalistes organisé par le projet Pamoja est aussi une sensibilisation des hommes des médias pour un changement de comportement en face de la question de l’avortement. A travers des pratiques, la formatrice a pu toucher les sensibilités des participants qui ont changé leur point de vue. Elle a surtout mis l’accent sur les terminologies à éviter pour réveiller les polémiques. Et pour déconstruire les fausses idées sur la question, les participants on été formés à fact-cheking sur l’avortement. Les journalistes ont eu connaissance des sites et recherches et de vérification de l’information en matière de santé reproductive.
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