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Bénin : hausse du prix de l’essence de contrebande, ruée vers les stations-service

Bénin : hausse du prix de l’essence de contrebande, ruée vers les stations-service

A Cotonou et environs, le prix de l’essence de contrebande, communément appelée “kpayo” connaît une flambée depuis deux jours. Une hausse qui fait suite à la décision du nouveau président nigérian Ahmed Bola Tinubu de supprimer les subventions accordées au carburant dans son pays. 

C’est un réveil brutal pour la plupart des Béninois qui utilisent des véhicules à moteur dans leur déplacement. Depuis le mardi 30 mai 2023, l’essence de contrebande, utilisée par une grande partie de la population connaît une flambée de son prix. Alors que le litre du précieux liquide se négociait à 500 francs ces dernières semaines, il est passé brusquement à 650 francs en moins de 24 heures. Deux jours plus tard, à l’heure où nous rédigeons ces lignes, l’essence de contrebande atteint les 800 francs le litre dans certains endroits et peu de vendeurs en ont à servir aux usagers.

Suppression des subventions du carburant au Nigeria

La brutalité de cette hausse de prix du carburant amène à se poser quelques interrogations sur les origines de l’inflation. Mais comme souvent, les raisons ne sont pas à chercher bien loin. Bénéficiant de sa proximité avec le géant voisin nigérian, le Bénin profite des prix bas du carburant dans ce pays. Si le Nigeria est un grand producteur de pétrole brut, le pays ne raffine qu’une faible quantité de l’or noir puisé des entrailles de la terre. L’Etat exporte donc le brut qu’il ré-importe sous sa forme raffinée dans les stations qui le distribuent à un prix subventionné.

Des réseaux de trafiquants vont s’approvisionner en partie dans ces stations service afin d’inonder les villes béninoises de cette essence bon marché. D’autres vont siphonner le brut dans les pipelines avant de le raffiner de façon artisanale. Problème, le nouveau président nigérian, Bola Tinubu, a annoncé dans son discours d’investiture qu’il ne comptait pas renouveler ces subventions. Le chef de l’Etat nigérian estime que ces subventions pèsent lourdement sur les finances publiques et empêchent des investissements nécessaires dans des secteurs sociaux comme la santé ou l’éducation. 

L’annonce a créé un vent de panique et un effet domino. Au Nigeria, des centaines de milliers de personnes se sont ruées vers les stations services pour anticiper l’augmentation prochaine des prix du carburant. C’est ce qui entraîne au Bénin une augmentation des prix de l’essence de contrebande.

Il faut dire que la décision de supprimer les subventions sur les carburants n’est pas inédite au Nigeria. Introduites dans les années 1970, ces subventions ne sont pas du goût de tous dans le pays. Sur recommandations de la Banque mondiale et du FMI, plusieurs anciens gouvernements nigérians ont tenté de les supprimer en vain. L’annonce de la suppression des carburants intervient également quelques jours après l’inauguration de la raffinerie de pétrole du milliardaire nigérian Aliko Dangote. La méga-usine devrait produire 650.000 barils quotidiennement, de quoi couvrir les besoins locaux du pays. 

Ruée vers les stations service au Bénin

A peine l’annonce de la suppression des subventions sur le carburant et avant même que la mesure n’entre en vigueur, que le prix de l’essence de contrebande connaît une hausse au Bénin. Depuis ce mercredi 31 mai, il s’observe des files de motocyclistes et d’automobilistes se ruant vers les stations-service habituellement fréquentées par de rares usagers.

La conséquence est logique dans la mesure où le prix du carburant à la pompe est désormais moins élevé que celui de l’essence de contrebande accessible aux coins de rue. En effet, l’essence est vendue dans les stations-service au prix de 650 francs CFA.

Si les usagers reconnaissent la qualité du carburant servi dans les stations-service, ils ont souvent une réticence vis-à-vis de celle-ci. “Le problème est qu’ils ne servent pas réellement la quantité facturée”, se lamente un conducteur de taxi-moto rencontré ce jeudi 1er juin 2023. Mais avec 150 francs de différence sur un litre de carburant, il se dit obligé d’aller s’approvisionner désormais à la station.

Vers une inflation des prix ?

Longtemps habituée à profiter de l’essence de contrebande bon marché en provenance du Nigeria, l’économie béninoise pourrait être largement affectée par la décision du président Tinubu. En effet, une flambée des prix du pétrole va entraîner une inflation sur le marché des biens et services. “L’augmentation du prix va aussi, par des effets d’entraînement, causer de l’inflation dans les autres secteurs de l’économie béninoise”, analyse Florian Siaken, économiste statisticien.

Par ailleurs, l’économie béninoise est largement tributaire des échanges avec le Nigeria. Une hausse des prix du carburant peut entraîner une augmentation des prix des produits importés du Nigeria. 

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