Le 10 janvier 2024, les Béninois auront une idée de ce que leur réserve la nouvelle année grâce au “Tofâ”. La consultation nationale de l’oracle, longtemps laissée aux organisations de prêtres Fâ, est désormais portée par le gouvernement dans un élan de réappropriation et de promotion de ce marqueur d’identité culturelle.
Le gouvernement de Patrice Talon s’implique dorénavant dans le processus de prédiction faite chaque année par des groupes de devins à la veille du nouvel an. Lors des “Vodun days”, un collège de prêtres Fâ va consulter l’oracle en vue d’informer les Béninois de ce que leur cache l’année 2024. “Nous ferons ça désormais le 10 janvier parce que c’est le jour [que] nous avons consacré … Et dans ce cadre, il a été mis en place un collège de boconons (prêtres Fâ). Ils seront au nombre de 11”, a déclaré Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts le 30 novembre 2023.
Ce collège de prêtres Fâ va “officier dans la solennité” la consultation au cours de la célébration de la fête nationale du Vodun prévue à Ouidah du 09 au 10 janvier 2024. La pratique consiste, à l’aide de l’art divinatoire, à décrypter les événements heureux ou malheureux qui pourraient s’abattre sur le Bénin durant l’année nouvelle, et conjurer les mauvais sorts. L’objectif visé est d’assurer le bien-être socio-économique pour le pays.
Le “Tofâ” était une initiative des organisations de boconons. “Pendant 17 ans, il y a eu le Tofâ et je félicite les initiateurs. Parce que ça a permis de préserver cette pratique, ce patrimoine, son importance, son intérêt”, a reconnu Jean-Michel Abimbola face à la presse.
Suite d’une vaste ambition
L’Etat béninois retire l’initiative “Tofâ” aux boconons dans un contexte où il instaure une dynamique de réappropriation et de valorisation du patrimoine culturel et cultuel du Bénin. Ce qui justifie, selon Jean-Michel Abimbola, l’engagement affiché du gouvernement de Patrice Talon à coordonner la consultation du Fâ à l’échelle nationale :
“Le Tofâ ou Ifa-ilou, c’est le roi ou le chef d’un territoire qui décrète cela. Donc dans un royaume, le roi dit : ‘je veux qu’on consulte le Fâ pour le royaume’. En République, qui doit faire ça ? (…) Ce n’est pas parce que nous avons laissé faire jusqu’à présent, qu’on n’aura raison de laisser faire ! (…) Aujourd’hui, nous avons un gouvernement qui souhaite se réapproprier la culture béninoise au profit du Bénin et au profit du monde. C’est pour ça que nous avons discuté avec les uns et les autres pour leur faire comprendre…”.
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