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Sénégal : l’élection du 24 mars, un tournant historique

Un mois après sa date initiale, l’élection présidentielle sénégalais s’est tenue ce dimanche 24 mars 2024. C’est sans doute l’épilogue d’une période critique pour la démocratie au Sénégal et en même temps l’ouverture d’une nouvelle ère politique, au regard des tendances issues du scrutin.

17 candidats candidats s’affrontaient dans la urnes pour succéder à Macky Sall, non candidat après deux mandats autorisés par la Constitution. Les 7,3 millions d’électeurs ont voté dans le calme pour départager les candidats en lice. Les résultats officiels sont attendus. Néanmoins, des tendances non officielles donnent le candidat de l’opposition Bassirou Diomaye Faye en avance confortable ; 7 de ses concurrents l’ont déjà félicité pour “sa” victoire.

Imbroglio

Le contexte politique du scrutin en fait une élection historique à plusieurs égards. D’abord, le fait que le scrutin se tienne est en lui-même historique. Petit rappel : le 3 février dernier, le président Macky Sall annonçait, à la surprise générale, le report sine die de l’élection prévue au 24 février. Commençait alors une bataille politico-juridique entre le camp au pouvoir d’un côté et de l’autre, les opposants, la société civile, des universitaires, et surtout le Conseil constitutionnel. Ce dernier va annuler le report de la présidentielle entre-temps renvoyé en fin d’année par le parlement sénégalais. Un dialogue politique initié par Macky Sall mais boycotté par la majorité des candidats validés par le conseil constitutionnel, décidait de fixer la présidentielle au 2 juin. Mais une fois encore, le juge saisi va non seulement désavouer le chef de l’Etat mais aussi décider de fixer une date, le 31 mars, avant que le président à son tour ne convoque le corps électoral pour une semaine plus tôt, soit le 24 mars… La suite, c’est la tenue effective de l’élection après une campagne électorale d’une durée réduite, en épilogue d’une période de secousse pour la démocratie d’un Sénégal trop fier de sa stabilité politique depuis l’indépendance, en 1960.

De la prison au palais présidentiel ?

Les autres points du caractère historique de l’élection sont relatifs aux acteurs en compétition avec en tête celui dont le nom émerge des urnes : Bassirou Diomaye Faye. “Plan B” ou candidat de substitution comme il est surnommé, cet opposant qui a 44 ans ce lendemain de jour de vote, était encore en prison quand la campagne électorale démarrait. Il pourrait désormais entrer au palais présidentiel. Un destin atypique qui devrait couronner 10 ans de lutte politique aux côtés de son mentor Ousmane Sonko, inspecteur des impôts comme lui et véritable leader de l’opposition, disqualifié mais qui a manifestement tout anticipé.

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Stanislas Linkpon
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