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CEDEAO : le Burkina, le Mali et le Niger annoncent leur retrait sur fond de crise politique

La crise empire entre la CEDEAO et le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Les trois Etats en proie à une crise politique et sécuritaire ont conjointement annoncé leur retrait de l’organisation ouest-africaine par un communiqué publié le dimanche 28 janvier 2024.

Une crise dans la crise. Confrontée à la crise politique dans plusieurs de ses Etats membres, la CEDEAO entre aussi en crise avec le départ annoncé de trois d’entre eux. Faisant front commun depuis la mise en place en septembre 2023 de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dirigés par des régimes militaires se retirent de la CEDEAO sans préavis. Les “chefs d’Etat, indique le communiqué, (…) prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest”.

Sanctions, manque d’assistance…

Pour justifier ce retrait, les Etats frondeurs alignent plusieurs reproches dont les sanctions imposées par la CEDEAO à la suite des coups d’Etat dans ces pays – le plus récent est celui du Niger, le 26 juillet 2023 qui a isolé le pays dans la sous-région. Outre les sanctions jugées “illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables”, le trio d’Etats reproche à la CEDEAO un manque d’assistance dans la lutte contre le terrorisme. Dès lors, s’étant “éloigné des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme”, la CEDEAO “est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations”, accuse la déclaration tripartite.

Solution négociée

A peine rendue publique, la déclaration de retrait a aussitôt fait réagir la CEDEAO. Par un communiqué de sa Commission, l’organisation dit ne pas avoir reçu une notification officielle du retrait. Les Etats sur le départ “demeurent des membres importants” de l’organisation qui travaille à parvenir à “une solution négociée à l’impasse politique”, souligne le document.

A ce sujet, il faut signaler le rendez-vous manqué de la semaine dernière au Niger qui devait recevoir le 25 janvier, une délégation de la CEDEAO. La mission n’a finalement pas eu lieu pour des raisons qui divergent entre les autorités de la transition et la CEDEAO. Les premières assurent avoir créé toutes les conditions notamment les autorisations de vol et accusent donc la CEDEAO de “mauvaise foi”, selon les propos du Premier ministre nigérien tandis que la Commission évoque des “problèmes techniques de l’avion” devant transporter les négociateurs.


Que prévoient les textes au sujet du retrait ?

Selon l’article 91 du Traité révisé de la CEDEAO, “tout Etat membre désireux de se retirer de la Communauté notifie par écrit, dans un délai d’un (1) an, sa décision au Secrétaire Exécutif qui en informe les Etats Membres. A l’expiration de ce délai, si sa notification n’est pas retirée, cet Etat cesse d’être membre de la Communauté”.

Le même article prévoit que pendant cette période, l’Etat qui se retire doit continuer à respecter les dispositions du Traité et à s’acquitter de ses obligations en vertu de celui-ci.

Si la procédure engagée par le Burkina, le Mali et le Niger aboutissait à un retrait effectif, de la CEDEAO connaîtrait alors deuxième précédent de retrait. Le premier a été le fait de la Mauritanie qui a claqué la porte de l’organisation en 2000.

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