Le vendredi 20 décembre, la maison de vente aux enchères Millon a suspendu la mise en vente d’une récade royale après une intervention des autorités béninoises, soutenues par le ministère français de la Culture. Cette suspension intervient dans un contexte d’échanges entre le Bénin et la France pour la poursuite de la restitution des biens culturels entamée en novembre 2021.
C’est une victoire d’étape pour le Bénin. La récade du roi Béhanzin, n’a plus figuré dans une vente publique intitulée “Tribal Exception”. Le ministère de la Culture du Bénin est à l’origine de ce retrait, a confirmé Jean-Michel Abimbola, en marge d’une conférence sur le festival Vodun days 2025 à Ouidah.
“Vigilance”
“Nous avons alerté nos contacts du ministère de la Culture. Et c’est ainsi qu’ils ont suspendu la vente. Maintenant, nous sommes en discussion pour pouvoir aboutir, nous l’espérons, au rapatriement du bien”, a déclaré le ministre.
Selon le ministre de la Culture, le Bénin prête désormais une attention particulière à ses biens culturels qui circulent dans le monde. C’est une “vigilance” qui permet d’être en alerte afin d’éviter la perte de biens d’importance historique pour le pays :
“Nous avons toujours expliqué à nos partenaire que tout ce qui est symbolique, tout ce qui est déterminant pour nous, nous allons en demander le rapatriement ou la restitution”.
“Histoire romanesque”
Dans le cas de la récade objet des discussions engagées, la maison de vente française la présente comme un don du roi Béhanzin aux troupes coloniales en janvier 1894 à la fin des affrontements. Cette récade appartiendrait aujourd’hui à un descendant d’Emmeran de Curzon, un officier français ayant participé à cette campagne militaire.
Cette version de l’histoire est remise en question par Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou très active dans sur les questions du patrimoine historique du Bénin. “On est en droit de se questionner sur la véracité de cette histoire romanesque. Quelle est la probabilité que le monarque ait décidé de gratifier un soldat français de sa recade ? Était ce pour le remercier de sa déportation en cours ou de la conquête coloniale en général ?“, a-t-elle écrit sur Facebook le jour où la vente de la récade royale a été suspendue.
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