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Audit de la liste électorale : l’opposition en quête de consensus malgré les divisions

La démarche de l’opposition béninoise pour l’audit de la liste électorale ne convainc pas encore toute la classe politique. Voulu consensuel par ses initiateurs, le processus peine à obtenir le soutien des partis de la majorité présidentielle. 

La vaste consultation promise et engagée par le Cadre de concertation de l’opposition l’a déjà conduit auprès des deux importants partis politiques de la majorité pro-Talon. L’objectif poursuivi est de recueillir les contributions des autres partis sur le plan de travail proposé pour l’audit de la liste électorale. Et le moins qu’on puisse en retenir est que le camp présidentiel ne souhaiterait pas s’associer au processus. 

Premier parti consulté, l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) a remis en cause la démarche de l’opposition qui ne répond pas au cadre légal des élections d’après sa lecture. Le parti majoritaire au parlement affirme même une position de principe : elle “manquerait à sa responsabilité politique et affecterait celle de l’opposition si elle s’associait, dans son positionnement politique actuel, à une initiative fondée sur un manque de confiance dans le dispositif électoral qu’elle a politiquement défendu et activement recherché”. 

Du côté du Bloc Républicain, l’autre parti du camp présidentiel représenté au parlement, la position n’est pas différente. Le parti “n’entend pas participer à cette opération d’audit” qui “manque de motifs pertinents” et “risque au contraire de compromettre fortement la pertinence des élections générales prochaines”, souligne un communiqué du BR

Dans une position nuancée, MOELE-Bénin, parti proche du gouvernement dit bien accueillir l’initiative portée par Les Démocrates. Son président promet la publication de l’avis officiel du parti une fois que ses responsables auront étudié les termes de références soumis par les opposants. Jacques Ayadji note toutefois que “le problème que la liste électoral a n’est pas compliqué. C’est un problème de positionnement des électeurs par rapport à leurs lieux de vote”. Le parti La Renaissance Nationale, proche de la majorité a aussi été consulté. La démarche est “totalement partagée” par le parti, selon son vice-président Cyril Djikui. Mais la position détaillée de RN sur le document de l’opposition sera connue plus tard.

Soutien de la Société civile

Les organisations de la société civile (OSC) sont aussi des interlocuteurs ciblés par l’opposition. Ses émissaires ont rencontré la Plateforme électorale des OSC qui a affirmé son soutien à l’audit envisagé de la liste électorale. “L’initiative rentre dans la dynamique de la Plateforme. Depuis 2023, nous avons essayé de susciter cette action”, a déclaré sa présidente, Fatoumatou Batoko Zossou.

Le Gouvernement réitère son accord pour l’audit 

La position des partis soutenant le Gouvernement n’emporte pas la sienne. C’est ce que le porte-parole de l’Exécutif soutient au sujet de l’audit qui divise la classe politique. Wilfried Léandre Houngbédji, a réitéré l’accord du président de la République donné aux Démocrates initiateurs de la demande d’audit. En marge du point de presse consécutif à la réunion du conseil des ministres du mercredi 27 novembre, le porte-parole du Gouvernement avait souligné qu’il n’y a “aucune incohérence” entre la position de Patrice Talon et celle des partis qui le soutiennent. 

Quelques jours plus tard, sur le plateau de l’émission Focus de la chaîne publique, il ne s’est pas dédit, précisant la condition posée par le Gouvernement aux opposants : “vous choisissez qui vous voulez comme experts pourvu que nous ayons la certitude que ce sont des experts et ce sont des gens qui ont des états de service. Pour le reste, on accompagne”. Dans tous les cas, la recherche de consensus avec la classe politique, entreprise par le Cadre de concertation de l’opposition “n’est pas indispensable”, selon Wilfried Léandre Houngbédji. 

“Politique politicienne”

Pour l’heure, le Cadre de concertation de l’opposition n’a pas encore communiqué sur la suite à donner aux réponses négatives obtenues auprès de certains partis. Le parti Les Démocrates, leader de l’opposition, s’est abstenu de toute réaction officielle par le biais de son porte-parole que nous avons contacté. Néanmoins les refus et réserves essuyés par l’opposition dans sa démarche n’influenceront pas l’aboutissement du processus d’audit, selon une autre source interne au parti. La posture adoptée par les partis pro-Talon n’est rien d’autre de la “politique politicienne”, pointe la même source.

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