La Commission électorale nationale autonome (CENA) reçoit à partir de ce lundi 1er février, les déclarations de candidature à l’élection présidentielle du 11 avril prochain.
Les guichets de la CENA sont ouverts pendant quatre jours. Les candidats à l’élection présidentielle ou leurs représentants y sont attendus pour se faire enrôler. Pas qui veut, mais qui peut. Les règles sont dures désormais.
Pièces communes et pièces individuelles
Pas moins d’une douzaine de pièces sont exigées aux candidats à la présidence et à la vice-présidence. Chaque duo réunira des pièces communes mais aussi des pièces individuelles.
Dans la première catégorie, se trouve les fameux parrainages, véritable innovation qui corse la candidature à la fonction suprême de l’Etat. Chaque duo devra en présenter au moins 16 fournis par les élus (maire et/ou députés). Le couple de candidat président et vice-président devra aussi fournir dans son dossier une quittance de versement du cautionnement de 50 millions de francs Cfa. Ce montant est à la hausse ; il était de 15 millions à la dernière élection, en 2016. Les parrainages et le cautionnement constituent les filtres destinés à réduire les candidatures aux élections. Les plaisantins et fantaisistes sont invités à s’abstenir.
S’agissant des pièces individuelles, en plus des habituelles carte d’électeur, certificat de résidence ou casier judiciaire, chaque candidat aux deux fonctions devra fournir la preuve de sa situation fiscale régulière. C’est le quitus fiscal, autre pièce introduite dans les règles de la compétition politique au Bénin depuis 2019. Pour être éligible, il faut s’acquitter de ses impôts des trois dernières années (2018, 2019 et 2020).
A l’issue de l’enregistrement des dossiers, la CENA va publier une première liste de tous les dossiers reçus et ceux conformes à la loi. Suivra l’étape de la Cour constitutionnelle qui étudiera à son tour l’ensemble des candidatures jugées valables par la CENA et les contestations éventuelles. On n’en est pas encore là.
Qui sont les duos attendus ?
L’opération d’enregistrement des déclarations de candidature va révéler aux Béninois les visages des potentiels candidats à la présidentielle. Ceux qui jusque-là se sont contentés de la parole devront y joindre l’acte. Ils sont peu nombreux. A ce jour, on en connaît que Patrice Talon et sa colistière Mariam Chabi Talata pour le compte de la majorité au pouvoir, le duo Alassane Djimba – Paul Hounkpè du côté des Fcbe.
Chez Les Démocrates, l’autre parti d’opposition, l’heure serait encore aux discussions sur l’opportunité d’aller ou non aux élections. La position officielle connue de cette formation politique, c’est le rejet de la révision constitutionnelle et des lois qui en sont issues et donc régissant l’élection même. Dans ces conditions, peut-on espérer une candidature “Les Démocrates” ? Quand on ajoute le fait de n’avoir aucun élu et donc pas de parrainages a priori, on peut se risquer à répondre “non”. Mais en politique, un retournement de situation n’est pas à écarter.
Le casse-tête des indépendants (opposants)
Autres catégories de prétendants, les indépendants. On y retrouve le professeur de droit public Joël Aïvo qui prêche la politique plus que le constitutionnalisme depuis quelque temps. L’homme ne cache pas ses ambitions présidentielles. Très critique envers le pouvoir, le professeur est membre du Front de l’opposition créé le 13 janvier dernier. Va-t-il se battre malgré son opposition de principe et accepter de concourir sous les lois qu’il conteste ? Alors que l’Union Progressiste, le parti détenant le plus grand nombre de parrains ne compte en délivrer qu’aux candidats soutenus par des partis, on peut douter de la capacité d’Aïvo à réunir les 16 signatures décisives. Mais rien n’est moins sûr !
Autre candidature indépendante hypothétique, c’est celle de Reckya Madougou, jeune figure féminine de la scène politique béninoise depuis les années 2000 et surtout la présidence de Boni Yayi. L’ancienne ministre de la Microfinance puis de la Justice, promotrice de la finance inclusive est très active sur les médias notamment sociaux depuis plusieurs mois. On lui prête des intentions présidentielles. A quelques différences près, Reckya Madougou est dans la même situation que Joël Aïvo. Les deux formeront-ils le premier duo indépendant ? Wait and see !
Dans tous les cas, les candidats ne devraient pas dépasser les 10 au regard des possibilités de parrainages. C’est l’un des objectifs proclamés des réformes politiques. Mais rien n’empêche qu’à l’étape des enregistrements à la CENA, les aventuriers comme on les désignent les candidatures peu ou pas sérieuses se manifestent. Toutefois, il n’est pas sûr que le record de 48 dossiers établi en 2016 soit battu. Rendez-vous au soir du 4 février pour faire le point.