La Conférence nationale des forces vives, tenue du 19 au 28 février 1990, a été un tournant majeur dans l’histoire politique du Bénin. 35 ans plus tard, l’événement continue de nourrir les débats et les réflexions sur l’état de la gouvernance publique.
Modèle de transition démocratique
Il est généralement admis que la Conférence nationale des forces vives du Bénin est, par sa réussite, un modèle de transition démocratique en Afrique. Cette considération est justifiée pour plusieurs raisons, selon les spécialistes. Pour Dr Francis Euloge Attadé, expert en gouvernance politique, « cette conférence a permis d’aborder des questions essentielles relatives à la survie du Bénin, en formulant des recommandations ayant force exécutoire ».
De son côté, Dr Ebenezer Sèdégan, enseignant-chercheur au département d’histoire et d’archéologie de l’Université d’Abomey-Calavi, rappelle que la Conférence nationale du Bénin ne fut pas un hasard, mais l’aboutissement d’un processus. Depuis 1972, le pays était sous un régime liberticide, et la conférence nationale a réussi à “rétablir la liberté, l’unité nationale et la paix”, a-t-il précisé.
La Conférence a, entre autres, marqué la fin du « monolithisme politique », de la négation des droits humains et de la répression des libertés. Ainsi, depuis 1990, le Bénin est cité comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, avec des alternances pacifiques au pouvoir. Toutefois, des défis persistent.
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Une évolution contrastée du cycle électoral
L’analyse des cycles électoraux révèle une situation contrastée. Si les premières élections post-conférence ont suscité un engouement populaire, la participation a progressivement chuté, atteignant 27 % lors de la présidentielle de 2021, fait observer Dr Francis Euloge Attadé. Ce désintérêt pourrait refléter une perte de confiance des électeurs vis-à-vis des réformes politiques et de la relative opacité du processus électoral.
Par ailleurs, si la réussite de la Conférence nationale du Bénin a inspiré d’autres pays africains, les résultats ont été plutôt mitigés. Comme le rappelle Dr Ebenezer Sèdégan, au Togo et en RDC, les tentatives similaires ont conduit au chaos.
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Suivant ce constat, Joël Atayi Guèdègbé prévient contre toute imitation aveugle.”Chaque peuple a son propre génie et son histoire”, a précisé l’expert en gouvernance politique et acteur de la société civile. Il estime donc qu’une vigilance permanente est nécessaire pour préserver cet acquis. “Essayons de chérir ce qu’il y a de bon dans la Conférence et méprisons ce qu’il y a de moins glorieux”, a-t-il conclu.