Saviez-vous qu’environ 8000 enfants béninois meurent chaque année des suites de maladies liées à la pollution de l’eau ? Dans le Grand Nokoué en particulier, la pollution des cours d’eau demeure un véritable enjeu de santé publique. Cependant, des solutions sont envisageables pour faire face à cette menace sanitaire persistante.
De Porto-Novo à Ouidah en passant par Cotonou, Abomey-Calavi et Sèmè-Podji, les cours d’eau semblent être un dépotoire de différents déchets. Notamment la gestion déficiente des excrétas humains dans l’agglomération du Grand Nokoué qui rassemble les cinq communes, est mise à l’index pour justifier leur pollution de ces points d’eau.
L’eau et les aliments contaminés
Les populations ont pris l’habitude d’utiliser les cours d’eau du Grand Nokoué pour diverses activités domestiques et économiques. Elles y puisent également des ressources halieutiques pour la consommation en même temps que les habitants y déposent les matières fécales.
Ces pratiques impactent négativement les cours d’eau surtout en termes de contamination par divers agents pathogènes. Et cette contamination ne se limite pas aux seules eaux de surface. Alain Tossounon, expert en environnement, souligne que plusieurs études ont mis en évidence la présence de résidus de matières fécales sur les légumes consommés par la population.
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Le problème est amplifié par l’absence, durant plusieurs années, de stations de traitement des boues de vidange dans le Grand Nokoué. “Toutefois, il faut saluer l’avènement récent de deux stations de traitement à Abomey-Calavi et Sèmè-Podji qui constitue un progrès notable, a fait remarquer William Tchoki, journaliste spécialiste des questions de l’environnement à la SRTB. Quoique, les défis en matière d’assainissement restent immenses”.
Des causes structurelles
L’une des principales causes du péril fécal dans le Grand Nokoué réside dans le nombre insuffisant d’infrastructures d’assainissement et le non-respect des normes d’évacuation des matières fécales. De nombreuses habitations ne disposent pas de systèmes autonomes d’assainissement conformes aux exigences réglementaires. Or, la loi sur l’hygiène publique, votée en 2022, fait obligation à tout propriétaire de doter son habitation d’un système de gestion des eaux usées et des excrétas. Une disposition rarement respectée, faute de contrôle strict.
Par ailleurs, pour Félix Adégnika, expert en hygiène et assainissement, la priorité accordée à la problématique est moyenne. Le spécialiste pointe aussi du doigt la faiblesse des institutions chargées de l’eau et de l’assainissement dans le pays. ‘’Ces dysfonctionnements limitent considérablement l’efficacité des interventions et des réformes en matière d’assainissement’’, soutient Patrice Sagbo, activiste en environnement.
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Des solutions pour un assainissement durable
Face aux décès et autres problèmes sanitaires fréquemment enregistrés dans la zone, plusieurs actions doivent être mises en œuvre rapidement selon les experts.
Tout d’abord, la construction et l’entretien de toilettes conformes aux normes doivent être une priorité absolue, ont reconnu à l’unanimité les spécialistes. Ensuite, il est impératif de renforcer les politiques de promotion de l’hygiène et de l’assainissement. Alain Tossounon insiste sur la nécessité de développer une véritable stratégie nationale d’hygiène et d’assainissement. Enfin, la gouvernance du secteur doit être renforcée. Félix Adégnika plaide pour un renforcement des structures chargées de l’hygiène et de l’assainissement.
L’État, les collectivités locales et les citoyens doivent unir leurs efforts pour mettre fin à la défécation à l’air libre et assurer une gestion efficace des excrétas.