A la UneSanté

Lutte contre le VIH/Sida : le Bénin en bonne voie pour l’atteinte des objectifs mondiaux

La communauté internationale célèbre ce dimanche 1er décembre 2024, la journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida. Au Bénin, des progrès significatifs ont été réalisés dans la lutte contre l’épidémie. Mais un relâchement au sein de la couche juvénile pourrait compromettre l’atteinte de l’objectif de l’élimination de la maladie à l’horizon 2030.

La communauté internationale célèbre ce dimanche 1er décembre 2024, la journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida. Au Bénin, des progrès significatifs ont été réalisés dans la lutte contre l’épidémie. Mais un relâchement au sein de la couche juvénile pourrait compromettre l’atteinte de l’objectif de l’élimination de la maladie à l’horizon 2030.

Des progrès significatifs

Au Bénin, la lutte contre le VIH/Sida est en cours depuis plusieurs années. Au ministère de la santé, un programme spécial est d’ailleurs dédié à la riposte contre l’épidémie. Sur les dix dernières années, de nombreuses avancées ont été réalisées. Ainsi, le taux de prévalence de la maladie au sein de la population béninoise a considérablement baissé grâce aux diverses stratégies de sensibilisation et de dépistage. “La prévalence au niveau de la population en général tourne autour de 0,8%”, nous confie le Dr. Senami Aurel Adjakidjè, chef service prévention au Programme santé de lutte contre le VIH/SIDA au ministère de la santé. 

A titre de comparaison, en 2012, ce taux était estimé à environ 1,2 % dans la population générale âgée de 15 à 49 ans. Cependant, aujourd’hui  encore, la prévalence de l’infection reste relativement élevée au sein de certaines catégories de la population, notamment celles dénommées “populations clé’’. Ces dernières sont les groupes qui présentent un risque accru d’infection par le VIH ou qui sont disproportionnellement affectés par l’épidémie. Parmi elles, on retrouve les travailleuses et travailleurs de sexe (TDS), les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les personnes qui consomment des drogues injectables (CDI), entre autres. Au Bénin, le taux de prévalence de ces personnes dépassent 2% en moyenne et peut atteindre plus de 20% dans certaines catégories.

Les autres progrès enregistrés au Bénin en matière de lutte contre le VIH/Sida, ces dernières années, concernent le taux de dépistage, la prise en charge des personnes séropositives et l’élimination de la transmission mère-enfant de l’infection. Dans tous ces domaines, le Bénin a réalisé des progrès considérables sur les dix dernières années. Les nouvelles infections sont passées de 4386 en 2013 à 1122 en 2023. Les décès liés à l’infection sont également en baisse. “Le nombre de décès est passé de 2805 en 2013 à 1597 en 2023”, d’après Dr Sènami Aurel Adjakidjè.

Dans le domaine de l’élimination de la transmission mère-enfant, le Bénin s’illustre par la mise en œuvre d’une stratégie de prévention qui porte ses fruits. Elle consiste à dépister systématiquement toutes les femmes enceintes qui se présentent dans un centre de santé, qu’il soit public ou privé. Grâce à cette stratégie mise en œuvre depuis 2000, le Bénin  a enregistré en 2022, un taux de transmission résiduel de 3,03%, largement en dessous de la norme de 5% fixé par l’OMS. Quant au traitement antirétroviral, il est en marche puisque le Bénin garantit la disponibilité des médicaments. “Depuis un certain temps, vous n’entendrez plus parler de rupture en ARV, parce qu’on ne peut pas parler de traitement sans qu’il n’y ait le produit”, assure le Dr Sénami Aurel Adjakidjè. 

Et la question des droits ?

Cette année, l’OMS a placé la journée mondiale de lutte contre le sida sous le thème « Suivons le chemin des droits – notre santé, nos droits ». L’OMS, à travers le choix de ce thème, appelle les dirigeants et les citoyens du monde entier à défendre le droit à la santé en s’attaquant aux inégalités qui entravent les progrès en matière  d’élimination du VIH/SIDA. . 

En la matière, le Bénin a pris l’initiative d’assainir le cadre légal de la lutte contre le VIH/SIDA. Cela a consisté en une relecture de la loi spécifique sur le VIH/SIDA, c’est-à-dire la loi N° 2005-31 du 5 avril 2006 portant prévention, prise en charge et contrôle du VIH/SIDA en République du Bénin. Même s’il n’est pas encore voté, le nouveau texte de loi vise à “protéger davantage, donner davantage de droits aux personnes vivant avec le VIH/Sida”, nous a confié le Dr Sènami Aurel Adjakidjè. Le programme santé de lutte contre le VIH/Sida a également multiplié les  formations sur les droits humains et l’éthique pour permettre au personnel de santé mais aussi à toutes les personnes intervenant dans une formation sanitaire d’être sensibles au respect des droits des personnes vivant avec le VIH/Sida. 

Objectif 95-95-95

Malgré toutes les avancées réalisées par le Bénin, quelques défis restent toutefois à relever pour l’atteinte de l’objectif de l’élimination du VIH/SIDA  d’ici à 2030. En effet, l’OMS a fixé des seuils à atteindre à cette date avant de décréter la maîtrise de la pandémie. Il s’agit de l’objectif des 95-95-95. Il vise à stopper la propagation du virus en assurant une prise en charge efficace des personnes vivant avec le VIH. 

Le premier 95 suggère que 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut. Le deuxième ambitionne de mettre 95 % des personnes dépistées séropositives sous traitement antirétroviral (ARV). Le dernier 95 vise à atteindre 95% des personnes sous traitement atteignent une suppression virale durable. 

Pour le Bénin, le principal défi est de maintenir la vigilance autour de l’épidémie. Car comme l’explique le Dr Senami Aurel Adjakidjè, il y a un relâchement par rapport à l’existence du   de VIH/SIDA  baisse au sein de la population en général et particulièrement au sein de la frange juvénile. “Que ce soit le niveau de connaissance, l’utilisation du préservatif ou encore le nombre de partenaires sexuels, nous avons constaté une forme de relâchement notamment au niveau des jeunes”, a-t-il alerté. Par rapport à ces constats, le gouvernement, à travers le ministère de la Santé a pris des mesures  pour un renforcement des actions de communication à l’endroit des jeunes. Ces dernières priorisent davantage les réseaux sociaux et les canaux digitaux sur lesquels les jeunes sont plus présents. 

Articles similaires

Bénin : le BR renforce ses rangs avec des démissionnaires de FCBE

Stanislas Linkpon

Eglise catholique : vers une canonisation du cardinal Bernardin Gantin

Maurice THANTAN

A la Une : interdiction d’une cérémonie d’hommages, incompréhension à Bembèrèkè,…

Stanislas Linkpon
Chargement....